Lutte contre le réchauffement et transition énergétique : point d’étape [1/3] (Post in French)


Après une actualité chargée au cours des derniers mois de 2014 – sommet sur le climat de New York organisé par Ban Ki-moon en septembre, Conseil Européen d’octobre, annonce commune par la Chine et les Etats-Unis en novembre sur leur engagement à réduire leurs émissions, conférence des Nations Unies sur le climat à Lima courant décembre, laquelle préparait celle de Paris prévue fin 2015[i] – voici une revue de presse et un survol en zigzag de l’actualité du réchauffement climatique et de la transition énergétique (revue découpée, pour plus de commodité, en quatre billets).
Energies renouvelables : enfin du concret
Tout d’abord, la transition des énergies fossiles vers les renouvelables est-elle bientôt à portée de main? Répondre par un oui timide à cette question n’est pas farfelu, compte tenu de quelques annonces et rapports récents laissant penser que les renouvelables font désormais partie du paysage énergétique, après n’avoir été longtemps qu’un petit point sur la ligne d’horizon des possibles. D’après les chiffres de l’Agence Internationale de l’Energie, repris dans le rapport du cabinet PwC Low Carbon Economy Index 2014 (septembre 2014), les énergies renouvelables constituent désormais 22% de la production mondiale d’électricité.
Prenant l’exemple de l’Allemagne, The Climate Group relate ainsi qu’au cours des sept premiers mois de l’année 2014, environ 31% de l’énergie nette produite outre Rhin provenait de sources renouvelables (« Clean energy smashing records worldwide »,août 2014 ; voir aussi « The Big Fix: Sun and Wind Alter Global Landscape, Leaving Utilities Behind », New York Times, septembre 2014).
La tendance est également encourageante dans d’autres pays. En Espagne, toujours selon The Climate Group, un record a été franchi au mois de juillet 2014 avec 40% de l’électricité du pays produite à partir de sources renouvelables. La part de ces énergies a également progressé au Royaume-Uni (« UK energy statistics: Gas power increases, renewables cover nuclear shortfall and power consumption falls », The Carbon Brief, 18 décembre 2014) et l’Ecosse, en particulier, a produit au mois de novembre plus d’électricité de source éolienne qu’elle n’en consomme selon les calculs du WWF (« ‘Big month’ for wind power in Scotland – new data published », WWF UK, 8 décembre 2014). Au Danemark, 39% de la production électrique en 2014 provenait d’éoliennes au cours de l’année écoulée, faisant du pays le leader mondial de ce type d’énergie dans la part totale d’électricité consommée (« Denmark sets world record in wind energy », Euractiv, 7 janvier 2015) et un modèle en matière de réduction des émissions (Laurence Caramel, « Le Danemark, meilleur élève de la lutte contre le réchauffement », Le Monde, 8 décembre 2014).  
Chute spectaculaire des coûts
Ainsi, comme le souligne l’éditorialiste de BusinessGreen (James Murray, « Renewables records reveal how clean energy is starting to light up the world », août 2014), l’idée même d’un futur énergétique dominé par les énergies renouvelables, longtemps portée de manière isolée par quelques milieux militants, est en passe d’entrer dans l’orthodoxie. Certes, les énergies propres sont toujours minoritaires dans le bouquet énergétique d’à peu près tous les pays. Mais, il est indéniable que leur proportion augmente à vitesse rapide, surpassant la plupart des pronostics établis jusqu’à présent.[ii]
La chute du coût de production de l’électricité à partir des énergies renouvelables explique pour une large part l’usage croissant qui en est fait. Depuis 2008, les coûts de production de l’électricité solaire ont baissé de 80%, et la parité réseau de l’énergie photovoltaïque – c’est à dire le seuil où le coût de production de l’électricité photovoltaïque égale le prix de vente de l’électricité conventionnelle sur le réseau – est déjà atteinte en Italie, en Espagne et en Allemagne (données et chiffres de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables « IRENA », synthèse du rapport REthinking Energy 2014, septembre 2014 ; voir aussi : « Renouvelables : la nouvelle donne », Antoine de Ravignan,Alternatives Economiques, octobre 2014).
En France, la parité réseau pour l’électricité solaire sera très probablement atteinte avant 2020 (« Parité avec le réseau », Photovoltaique.info, 2014) et ce en dépit de précédentes estimations prévoyant le dépassement de ce seuil aux environs de l’année 2030 seulement. A l’échelle mondiale, le solaire est bien parti pour devenir compétitif avec le gaz naturel, le charbon et l’énergie nucléaire aux environs de l’année 2020 (« The disruptive potential of solar power », étude du cabinet McKinsey, avril 2014) et sera probablement la principale source de production de l’électricité à l’horizon 2050 (Agence International de l’Energie, « How solar energy could be the largest source of electricity by mid-century », septembre 2014).
L’énergie éolienne n’est pas en reste, puisqu’elle connaît également une généralisation de son usage. Selon l’agence IRENA, celle-ci est désormais utilisée dans une centaine de pays (rapport REthinking Energy 2014). Là encore, la baisse des coûts a beaucoup aidé. Aux Etats-Unis notamment, le prix de l’électricité de source éolienne est désormais inférieur, sur certains marchés, au prix de l’électricité produite à partir de gaz ou de charbon, et ceci en excluant du calcul toute subvention aux énergies renouvelables (« Solar and Wind Energy Start to Win on Price vs. Conventional Fuels », New York Times, 24 novembre 2014).
La suite dans le prochain billet.

[i] Pour un agenda, sous forme d’infographie, des conférences climatiques passées et à venir, voir : « Road to Paris: a timeline of negotiations for a global climate deal », The Carbon Brief, 2 décembre 2014.
[ii] Les prévisions faites il y a une dizaine d’années sur la quantité d’électricité générée par les installations photovoltaïques et éoliennes sont en effet très largement en deçà de la réalité d’aujourd’hui, avec une grande marge d’erreur dans le cas des pronostics de l’Agence Internationale de l’Energie, et une légère sous-estimation dans le cas de ceux de Greenpeace ; voir « Graph of the Day: Why “experts” get it wrong on wind and solar », RenewEconomy, août 2014. 

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