Sortie de crise: de la nécessité d’innover (Post in French)

Pour un blog qui parlera surtout de crise, mettons délibérément la charrue avant les bœufs, et commençons, dans ce premier message, par nous interroger sur la sortie de crise. Par quels moyens, par quelles voies se hisser dans l’après crise?

Sans nul doute, la clé réside dans l’innovation, qu’elle soit économique, sociale ou politique. Et qui dit innovation, dit expérimentation d’idées nouvelles, incongrues, farfelues, utopiques, mais qui un jour se révèleront salvatrices, du moins pour certaines d’entre elles. (Pour les autres, il faudra veiller à arrêter l’expérience suffisamment tôt, afin de dépaver de ses bonnes intentions toute route menant à un possible enfer).

Oser et innover, une évidence. C’est ce que rappelle l’auteur de cet article paru dans le Monde, militaire et stagiaire à l’Ecole de guerre, “Qui ose les idées gagne!”:

“Par l’absurde, il existe forcément une porte de sortie à toute crise. Qui n’a pas souhaité en être le moteur ? Mais alors, quels individus peuvent sortir du lot et d’où puiseront-ils leur inspiration ? Il semble assez naturel de penser que toute démarche volontariste nait forcément d’une idée, elle-même trouvant bien souvent ses racines dans l’analyse et l’observation.

La fin de la crise actuelle verra certainement des bouleversements dans les ordres établis. Les bénéficiaires compteront forcement parmi ceux qui auront “un coup d’avance”. Une voie possible réside dans la recherche d’idées nouvelles. [..] Etre innovant, tenter, expérimenter sont des démarches louables en période de tension économiques.”

Et de préconiser que le organisations civiles, entreprises, institutions, jettent un coup d’œil du côté du monde de la défense et compulsent les ouvrages de stratégie militaire pour y trouver l’inspiration. Pourquoi pas. Un grand sens stratégique est indispensable pour introduire de l’innovation qui ne soit pas seulement technologique, pour pluraliser les manières d’échanger, rationaliser les modes de production afin de protéger l’environnement, pour insuffler un sursaut de conscience dans les manières de consommer.

Une vision stratégique, c’est précisément ce qui fait défaut aujourd’hui dans les instances dirigeantes, à en croire Philippe Baumard, spécialiste de l’intelligence économique et enseignant à l’école Polytechnique, et qui vient de faire paraitre “Le Vide stratégique” (CNRS Editions):

“Pour Philippe Baumard, le “vide stratégique” face auquel nous sommes “ne s’est pas révélé à nous un matin“. Il est le produit d’une “lente construction” qui, depuis la Guerre froide, a remplacé l’art de la stratégie par l’art de la tactique. Synonyme d’ignorance et de défaillance, le vide stratégique, selon l’auteur, favorise aujourd’hui la grande criminalité, comme la délinquance financière ou environnementale. Il empêche de penser le futur. Il conduit à un “abandon du réel“.

Parmi les raisons du phénomène, il y a ce que l’auteur appelle la “congruité auto-infligée” qui est, selon lui, le symptôme d’une société qui n’apprend plus de ses échecs. Nous répétons nos erreurs, et faisons toujours “plus de la même chose“, déplore Philippe Baumard.

Quant aux opinions publiques, maintenues désormais en état de “béatitude technologique“, elles participent à une “nouvelle économie hystérique“, dont l’affolement et l’emballement sont les deux mamelles. “Les périodes de vide stratégique sont déplaisantes“, affirme M. Baumard. Elles engendrent colère et dépit. Mais elles coïncident aussi avec des “prises de conscience décisives“, écrit-il. Acceptons-en l’augure.” (Le Monde Economie, Philippe Arnaud, 6 février 2012)

Des prises de conscience donc, peut-être la caractéristique majeure et le trait commun de toutes les crises. Il faudra y revenir.

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